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Châteaux et villages

St Philbert : son patrimoine

Sculpteur POTET et les Tympans de l'église

 

 

Abbé Hubineau "Semaine religieuse"1894

 

Le sculpteur POTET et les tympans de l'Eglise

 

 

 

La décoration de la belle église de Saint Philbert s'avance, lentement, trop lentement au gré des amis de l'artEGLISE%2520St%2520Philbert%2520%252816%2529 qui voudraient jouir d'ors et déjà de l'ensemble magnifique que présentera cette petite cathédrale, achevée dans toutes ses parties. Cette année, M;l'abbé Château a été heureux d'offrir à l'admiration de ses paroissiens et des étrangers, venus en foule pour la fête patronale, des sculptures remarquables dues au ciseau de M.Potet. Notre éminent artiste nantais me pardonnera de ne pas lui faire le banal compliment d'usage qui vient de lui_même se placer au bout de la plume du chroniqueur. Son éloge est dans ses œuvres toujours admirées et dans la renommée de son talent qui ne s'est point cantonnée aux rives de la Loire.

 

A combien de blocs de marbre n'a-t-il pas déjà donné la vie ? Vivos de marmore vultus . Que de pierres blanches il a fait fleurir et adorer près du Saint Sacrement ! Il y a tout un poème, le poème de l'amour fraternel et du martyre triomphant, dans so groupe inoubliable des Enfants-Nantais ! Admirable privilège de l'art qui peut raconter en quelques lignes de grandes choses et donner à tout ce qu'il rêve, à tout ce qu'il touche, l'immortalité !

 

Tous ces hôtes gracieux du paradis dont il a eu la vision dans ses rêves solitaires et dont il a fixé en traits indélébiles les radieuses figures, ces Saints et ces saintes qui par lui chantent, prient, bénissent en cents lieux divers, s'ébranleront un jour, et leur procession ravissante se déroulant vers les cieux le conduira au pays où les palmes sont toujours vertes et la gloire sans mélange, au pays où l'Idéal ici-bas entrevu se réalise dans sa splendeur, en Dieu.

      Potet se fait honneur d'appartenir à la vieille école, celle pour qui le beau « est vers le bien un sentier radieux . »On discute souvent sur la question de savoir si la beauté artistique n'est pas séparable de la beauté morale ; du moins, quand elles sont réunies, ne peut-on s'empêcher d'applaudir. La théorie de l'art pour l'art n'est plus en tout cas à sa place, s'il s'agit de sujets religieux. Car, au fond, qu'importe que les lignes soient d'une correction parfaite, les poses savamment étudiées, les convenances historiques respectées, si mon âme reste froide devant l'image de mon sauveur et si je l'admire sans l'aimer ? Qu'importe, si les saints qui s'en vont au martyre ne m'impressionnent pas autrement que ne ferait un stoïcien de la Grèce ou de Rome ? L'art serait-il donc affaire d'intelligence et d'imagination sans que le cœur n'y prenne la moindre part ?... Les artistes ne manquent pas de nos jours qui s'évertuent, non sans talent, autour de scènes empruntées à l'Evangile ou à la vie des Saints. L'art abonde, il est éblouissant ; mais quelque chose fait défaut et que ne remplace point l'auréole dont sont nimbés les fronts. Il faut d'abord connaître l'Evangile et la Vie des Saints ; il faut ensuite la foi, il faut l'amour pour éclairer le génie. Aussireste-t-il vrai de dire que les meilleures sources d'inspiration religieuse sont, avec le don de Dieu, la méditation, la prière et la Sainte Communion.

      Potet avait à décorer les tympans qui surplombent les deux portes latérales et les trois grandes baies de la façade.

 

Pour mener à bien cette entreprise importante, il s'est adjoint son fils qui, dans des œuvres déjà remarquées, a montré à côté d'une véritable inspiration une sûreté de main peu commune._Ce doit être une douce consolation et une récompense de grand prix pour un artiste vieilli dans le travail de penser que sa palette ou son ciseau ne seront pas à jamais ensevelis dans la poussière après lui, mais que sous la poussée d'une main juvénile et féconde, il en jaillira d'autres chefsd'oeuvre. Sa vieillesse se repose ainsi dans l'espérance, et déjà elle peut voir les premières lueurs de l'aube naissante se mêler aux derniers rayons de l'astre qui va s'éteindre. Gloria patris, gloria filii.

A ce jeune talent, plein de promesses, qui viret in foliis, on ne peut que redire l'encouragement du poète :

Maste animo, generose puer, sic itur ad astra !

 

Au-dessus du trumeau qui diviseEGLISE%2520St%2520Philbert%2520%252823%2529 le portail central et qui porte une belle statue de St Philbert, le Christ docteur est représenté ; les évangélistes avec leurs attributs symboliques l'entourent et le regardent comme pour puiser à son front et plus encore à son cœur leur infaillible inspiration. Il est plein de grandeur et de mjesté. C'est vraiment lui, le Maître, de qui procède la Vérité._ Sur le linteau se détachent les armoiries de Léon XIII et de Mgr Laroche.

 

 

 

 

 

Pour les deux autres bas-reliefs, l'artiste s'est inspiré de la vie du saint abbé de Noirmoutiers. Entre cent épisodes de son histoire, il en a choisi deux particulièrement intéressants pour la paroisse et la région.

Celui de droite représente la translation des reliques de St Philbert.

En ce temps-là, les pirates Normands dévastaient les côtes.EGLISE%2520St%2520Philbert%2520%252829%2529 Les religieux de l'île, craignant la profanation de leur auguste trésor, se décidèrent à le transporrte à Déas ( ainsi se nommait alors la petite ville construite bâtie au bord de la Boulogne ). Ce fut au chant des hymnes et des psaumes et sur les épaules des religieux que les saintes reliques, semant les miracles tout le log du chemin, firent leur entrée solennelle dans l'humble prieuré.

 

 

 

 

 

Sur le deuxième tableau, du côté gauche,EGLISE%2520St%2520Philbert%2520%252830%2529 on voit le tombeau de St Philbert et l'un des nombreux pélerinages qui venaient chaque année prier le saint abbé dans la crypte où ses ossements avaient été déposés. Au premier plan ressort une angélique figure de moine qui impressionne et réveille des souvenirs touchants. M. Potet a voulu, comme tant d'autres artistes, consoler sa douleur paternelle en prétant à l'une de ces célestes apparitions les traits délicats de l'enfant aimé qui s'est enallé du monastère au pays des anges...

J'aime à les contempler ces visages austères et doux dont on aperçoit qu'à peine le profil sous la capuche de laine. Ils sont heureux ceux-là qui s'immolent chaque jour, et leur bonheur vient de leurs espérances. Vainqueurs dans les luttes chaque jour renouvelées , ils ont au front le signe de la victoire : le calme et la apix qui rayonne jusque-là des profondeurs de leur conscience sereine et triomphante !

Revenez-vous parfois encore dans vos longues robes blanches, moines des temps passés, revenez-vous près de cette crypte déserte, où vous avez chanté les louanges de Dieu et prié votre Père qui, lui aussi était aux cieux ? Repassez-vous encore au bord de la rivière aux eaux noires et profondes, comme autrefois quand vous alliez, graves et recueillis, en pensant à la mort, en désirant le ciel ? Dans le silence des nuits, quand le vent seul gémit à travers les hauts peupliers de la rive et que la voix des heures passent lentement sur la ville et les villages endormis, reprenez donc sur vos épaules la châsse sacrée que vous avez apportée jusqu'ici et refaites en chantant la procession triomphale autour de ces lieux qui vou rappellent tant de souvenirset qui sont tant changés ! Et, comme il arrivait jadis aux grandes villes assiégées par les barbares et que les saintes reliques surent préserver ainsi notre religieuse petite cité des fléaux qui nous menacent et de la corruption envahissante : ab omni contigione securam !...

 

Au-dessus des portes latéralesEGLISE%2520St%2520Philbert%2520%252838%2529

 

EGLISE%2520St%2520Philbert%2520%252839%2529sont sculptés d'une part le Couronnement de la sainte Vierge et de l'autre le Triomphe du Sacré-Coeur. Autour du Sacré-Coeur, ses plus dévots serviteurs sont rangés : sainte Catherine de Sienne, sainte Thérèse, sainte Gertrude, La B. Marguerite-Marie, S. François d'Assise, S. François de Sles, le P. de la Colombière et S. Bernard A ses pieds, la France offrant la basilique de Montmartre.

 

 

 

 

 

Souhaitons maintenant que derrière ces tympans si finement sculptés, derrière ces portes dont les vantaux ont été ornés par un ouvrier du pays, M.Gibielle, avec des armatures de fer aux reflets d'argent, appelés pentures par les spécialistes qui se courbent en volutes élégantes et fleurissent en et qui sont de magnifiques pièces de serrurerie, que s'achève au plus vite le grand œuvre de la décoration intérieure. C'est là le désir ardent du pasteur. Déjà .Leray son prédécesseur, avait ambitionné de voir, avant de s'exiler et de mourir, l'histoire du saint patron et des chefs de ces guerres vendéennes rayonner dans des vitraux splendides. Il y rêvait une rosace entière pour notre illustre général de la Moricière, ses zouaves d'Afrique et ses zouaves du Pape, les uns et les autres immortalisés par leur dévouement à la France et à l'Eglise, nos deux patries ! Hoc erat in votis...

 

Vienne ce jour ! Vienne en même temps celui où , d'après les plans anciens, nous verrons sur la belle place, encadrée d'arbres fleuris au printemps, la statue de bronze du héros d'Afrique et de Castelfidardo. C'est là qu'elle doit se dresser, à cheval au grand soleil, à vingt pas de la chapelle où il dort entouré des siens, à deux mille mètres du village qui porte son nom et où s'élévait le château des ancêtres, au centre de ce pays fidèle où son souvenir est vivant et glorieux. Qu'il y soit tel qu'on le vit à Constantine, à Oran, à Alger, « enfant chéri de la victoire » ; ou plutôt tel que le virent et l'admirèrent ses chers zouaves de Castelfidardo, faisant face fièrement, un contre dix aux sacrilèges envahisseurs, plus grands aux yeux du monde chrétien le jour d'Ancône que le jour de la Smala car il y a des revers qui honorent plus que le succès, « il y a des defaites triomphantes à l'envi des victoires !...

L'abbé L. Hubineau

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